Analyse des Dialogues des morts de Fénelon, La Reine Marie De Médicis Et Le Cardinal De Richelieu

Analyse des Dialogues des morts de Fénelon,  La Reine Marie De Médicis Et Le Cardinal De Richelieu, De "La Reine: Mais j'ai toujours ouï dire..." à la fin

Introduction

François de Salignac de la Mothe-Fénelon, plus connu sous le nom de Fénélon, fut nommé précepteur du duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV, en 1689. Avant cette nomination, Fénélon avait occupé le poste d'évêque, illustrant ainsi son parcours diversifié entre les sphères religieuse et éducative. L'intérêt marqué de Fénélon pour la pédagogie se manifeste à travers des œuvres telles que le "Traité de l'éducation des filles" (1687) et "Télémaque" (1695). Le genre des "Dialogues des morts", dont il s'est servi, est une forme littéraire imitée de l'Antiquité, notamment inspirée par l'écrivain grec Lucien du IIe siècle. Ce genre allie la dimension pédagogique à la présentation de personnages historiques illustres, tels que Marie de Médicis (1573-1642) et Richelieu (1585-1642), qui débattent sur des sujets à caractère moral et politique, comme la croyance en l'astrologie et la régence de Marie.

Dans le "Dialogue des morts" de Fénelon, une conversation animée entre La Reine Marie de Médicis et Le Cardinal de Richelieu éclaire des thèmes variés tels que l'astrologie, la politique et la philosophie. Le texte soulève des interrogations sur la validité de l'astrologie et l'influence des astres sur le destin humain, à travers un échange entre deux figures historiques majeures. La Reine exprime sa croyance dans les règles infaillibles de l'astrologie, tandis que Richelieu la réfute en insistant sur le caractère vain et ridicule de cet art. Richelieu argumente contre l'influence des astres sur le destin humain, en mettant en avant la prédominance de la volonté libre de l'homme et en ridiculisant l'astrologie comme un ensemble de superstitions fondées sur des fables poétiques. La Reine, sceptique quant à l'expertise de Richelieu en matière de philosophie, l'accuse de fourberie et de contradiction entre ses paroles et ses actes.

I. Une comédie... macabre

Dans cette partie du dialogue, la vie de l'au-delà est décrite comme une continuation des antagonismes terrestres, où la mort ne parvient pas à apaiser les rancœurs ni à favoriser l'indulgence ou la réconciliation.

  1. a) La guerre des sexes : la guerre pour le pouvoir

Marie de Médicis, incarnant la femme de pouvoir, régente et veuve d'Henri IV, affronte Richelieu, un homme d'Église qui a su manœuvrer politiquement pour s'élever. Ce dernier, bien que lancé par Concini, favori de Marie de Médicis, choisit de prendre le parti de Louis XIII, fils et adversaire de Marie. Ce conflit entre une croyance superstitieuse, souvent attribuée aux femmes, et la raison masculine, symbolisée par Richelieu, pose la question : la superstition l'emportera-t-elle sur la raison ?

  1. b) Les morts ont une bonne mémoire

Le dialogue révèle la richesse des souvenirs historiques des protagonistes, évoquant des événements marquants tels que l'assassinat d'Henri IV, la journée des Dupes, et le voyage de Compiègne. Ces références historiques montrent que, même dans la mort, les figures historiques restent ancrées dans les conflits de leur vie passée. Le dialogue sert ainsi d'avertissement au futur roi, le Duc de Bourgogne, l'encourageant à se méfier des intrigues politiques et à ne pas succomber à la crédulité.

II. Un dialogue argumentatif reposant sur l'astrologie

  1. a) L'influence des astres

La question centrale de ce dialogue est la crédibilité de l'astrologie en tant que science. D'un côté, Marie de Médicis, soutient l'influence des astres sur le destin humain, tandis que Richelieu défend une perspective scientifique et rationaliste, réfutant toute influence astrologique sur les décisions et l'avenir humains, affirmant la primauté de la liberté humaine.

  1. b) Deux types d'argumentation

Marie de Médicis utilise une argumentation qui mêle attaques personnelles, références d'autorité, et appels à l'opinion commune, visant à discréditer Richelieu. Richelieu, quant à lui, emploie une argumentation scientifique, rejetant le principe d'analogie astrologique et affirmant que l'astrologie n'est fondée que sur des fictions poétiques sans base scientifique.

Conclusion

Ce dialogue, à la fois philosophique et didactique, permet à Fénelon de revisiter les "Dialogues des morts" de Lucien tout en conservant une dimension satirique. Le débat entre Marie de Médicis et Richelieu illustre deux approches argumentatives distinctes : la première s'appuyant sur des attaques personnelles et des arguments formels, et la seconde sur une réfutation sensée et raisonnée. Ce dialogue philosophique devient ainsi le genre idéal pour confronter des points de vue opposés, mettant en lumière la confrontation entre la facilité argumentative et une approche plus profonde et sérieuse du sujet.

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