Analyse de Gargantua, Chapitre 23, L’éducation humaniste de Gargantua par Ponocratès

Analyse de Gargantua, Chapitre 23, L’éducation humaniste de Gargantua par Ponocratès

I) De nouvelles méthodes

 

Au début du passage nous apprenons que Gargantua a un emploi du temps sur mesure qui englobe chaque minute de sa journée pour la consacrer de manière égale à prendre soin de son corps et de son esprit : “Puis il le soumit à un tel rythme de travail qu’il ne perdait pas une heure de la journée. Au contraire, il consacrait tout son temps aux lettres et au noble savoir.” C’est toujours en fonction de son corps que son apprentissage est conduit: “Pendant qu’on le frictionnait, on lui lisait quelque page des Saintes Écritures à voix haute et claire, avec la prononciation requise” On voit que Rabelais est médecin car il accorde autant d’importance aux soins du corps qu’à l’édification de l’esprit. De plus nous voyons que même aux toilettes son précepteur l’accompagne pour lui faire réviser les passages difficiles de sa leçon : “Puis il allait aux lieux secrets excréter le produit des digestions naturelles. Là, son précepteur répétait ce qui avait été lu, lui exposant les points les plus obscurs et les plus difficiles.” Ainsi le fait de purger le corps libère de la place dans son esprit et le rend plus dispos à mémoriser. De plus nous voyons que Gargantua est forcé d’apprendre tous ses cours par coeur pour avoir un savoir encyclopédique : “Pendant ce temps, on lui répétait les leçons du jour précédent. Lui-même les récitait par cœur”. Le fait qu’il prenne l’initiative de réciter par coeur les cours précédents montre qu’il prend un plaisir dans son travail ce qui renforce les idées du passage sur l'éducation humaniste.

 

II) De nouveaux savoirs

 

Ce passage nous montre que pour Rabelais toutes les différentes  “matières” ont une importance égale y compris l'éducation physique et sportive :  et allaient se divertir au Grand Braque ou dans les prés, et jouaient à la balle, à la paume, à la pile en triangle, s’exerçant élégamment le corps comme ils s’étaient auparavant exercé l’esprit.Tous leurs jeux se faisaient librement, car ils abandonnaient la partie quand cela leur plaisait”. Le fait qu’ils s’exercent dans différents jeux sportifs et qu’ils puissent arrêter quand cela leur plaît montre que ces activités se veulent ludiques. Cependant, l’homme, en tant que microcosme, est aussi capable de se tourner vers le macrocosme puisque l’astronomie figure en bonne place dans le programme d’éducation humaniste proposé par Rabelais : “En revenant, ils considéraient l’état du ciel, observant s’il était comme ils l’avaient remarqué le soir précédent, et en quels signes entraient le soleil et la lune, pour ce jour-là.” L’apprentissage se fait aussi par la pratique et l’observation. Après son dîner, au lieu d’aller se reposer Gargantua apprend l'arithmétique en utilisant des cartes à jouer : “Sur ce, on apportait des cartes, non pour jouer, mais pour y apprendre mille petits amusements et inventions nouvelles, lesquels découlaient tous de l’arithmétique. Par ce moyen, il prit goût à cette science des nombres, et tous les jours, après le dîner et le souper, il y passait son temps avec autant de plaisir qu’il en prenait d’habitude aux dés ou aux cartes.” Cela renforce l'idée que l’apprentissage d’une manière ludique est bien plus efficace.

À l’heure du dîner Gargantua étudie les textes de philosophes antiques pour s’instruire en sciences humaines, la référence aux anciens étant la base de toute éducation humaniste :  “Ce faisant, Gargantua apprit en peu de temps tous les passages relatifs à ce sujet dans Pline, Athénée, Dioscorides, Julius Pollux, Galien, Porphyre, Oppien, Polybe, Héliodore, Aristote, Ælian et d’autres. Sur les propos tenus, ils faisaient souvent, pour être certains, apporter à table les livres cités.”

Rabelais veut montrer à travers son éducation humaniste qu’il est important de lire des textes anciens soi-même pour avoir notre propre interprétation au lieu d'étudier ce quelqu’un d’autre dit sur ce texte. Il en est de même pour les textes bibliques. Rabelais accorde une grande importance à la foi par opposition à la religion qui est un ensemble de lois humaines qui servent à diriger la pensée des fidèles dans un but politique, tandis que Rabelais veut un retour à la vraie foi individuelle à travers l’étude des textes bibliques : “on lui lisait quelque page des Saintes Écritures à voix haute et claire, avec la prononciation requise.”

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