Analyse des Misérables de Victor Hugo. Partie V, livre IX, chap 5. La mort de Jean Valjean
De « Comme le temps passe !» à «Sans doute, dans l’ombre, quelque ange immense était debout, les ailes déployées, attendant l’âme.»
Comment Victor Hugo utilise-t-il le registre pathétique pour décrire la mort d’un saint ?
I) Un texte pathétique
Au début du passage Jean Valjean médite sur sa vie passée : “Comme le temps passe ! Nous avons été bien heureux. C’est fini” On voit que Jean Valjean est le personnage principal du roman de Victor Hugo car il a le mot de fin, après sa mort aucun autre personnage ne parle. Mes enfants, ne pleurez pas, je ne vais pas très loin. Je vous verrai de là. De plus Jean Valjean indique qu’il ne part pas très loin, néanmoins il part tout de même ce qui renforce le pathétique et marque une rupture avec les bonheurs passés “Vous n’aurez qu’à regarder quand il fera nuit, vous me verrez sourire.” Ensuite Jean Valjean rappelle la première fois qu’il a rencontré Cosette “Tu étais dans le bois, tu avais bien peur ; te rappelles-tu quand j’ai pris l’anse du seau d’eau ?” Cette rencontre marque une délivrance pour le personnage de Cosette qui était une enfant martyr : “ C’est la première fois que j’ai touché ta pauvre petite main.” Jean Valjean continue de montrer que son passé avec Cosette était très heureux mais que maintenant le bonheur est fini : “Comme tu m’as fait rire des fois, mon doux ange ! [...] Tu te mettais des cerises aux oreilles. Ce sont là des choses du passé.” De plus Jean Valjean indique qu’il pensait que son bonheur serait éternel ce qui lui a fait oublier la mort pourtant toujours présente: “Je m’étais imaginé que tout cela m’appartenait. Voilà où était ma bêtise.”
Jean Valjean explique qu’il n’avait pas pu aller la visiter ces derniers temps car il avait honte de son allure: “ Ô ma Cosette ! ce n’est pas ma faute, va, si je ne t’ai pas vue tous ces temps-ci, cela me fendait le cœur ; j’allais jusqu’au coin de ta rue, je devais faire un drôle d’effet aux gens qui me voyaient passer, j’étais comme fou, une fois je suis sorti sans chapeau.” En s’approchant de la mort Jean Valjean perd la vue ce qui est la représentation traditionnelle de l’agonie : “Mes enfants, voici que je ne vois plus très clair, j’avais encore des choses à dire, mais c’est égal. Pensez un peu à moi.” Il leur demande de se souvenir de lui car malgré sa foi, il souffre de se séparer de Cosette. Ensuite Cosette et Marius témoignent leur amour à Jean Valjean en lui tenant la main “Cosette et Marius tombèrent à genoux, éperdus, étouffés de larmes, chacun sur une des mains de Jean Valjean.” Victor Hugo décrit la nuit comme “sans étoiles” et “profondément sombre” comme si le ciel était en deuil suite à la mort de Jean Valjean.
II) La mort d’un saint
Jean Valjean dit qu’il ne va “pas très loin. Je vous verrai de là” Ce qui montre qu’il croit en la vie après la mort. De plus “Vous n’aurez qu’à regarder quand il fera nuit, vous me verrez sourire” montre son côté bienveillant car, même après la mort, il sera toujours là pour eux. De plus il voit une “lumière” ce qui est symbolique juste avant l’ascension au paradis : ”Je ne sais pas ce que j’ai, je vois de la lumière.” , “la lueur des deux chandeliers l’éclairait”.
Jean Valjean fait une analepse de sa rencontre avec Cosette indiquant que grâce aux sacrifices de sa mère, Fantine il avait été envoyé par dieu pour sauver Cosette dans les bois. Jean Valjean à partir de ce moment a porté tous les soucis de Cosette, représentés par le sceau d’eau. “Cosette, te rappelles-tu Montfermeil ? Tu étais dans le bois, tu avais bien peur ; te rappelles-tu quand j’ai pris l’anse du seau d’eau ? C’est la première fois que j’ai touché ta pauvre petite main. Elle était si froide !”. Cosette était au bord de la mort et Jean Valjean rappelle le fait qu’il a tout sacrifié pour sauver Cosette et faire son bonheur. Il n’avait pas peur de se ruiner pour lui acheter une magnifique poupée; “Et la grande poupée ! te rappelles-tu ? Tu la nommais Catherine.”
De plus, Jean Valjean présente à Cosette sa mère, Fantine, comme une sainte martyre qui s’est sacrifiée pour le bonheur de sa fille : “Cosette, voici le moment venu de te dire le nom de ta mère. Elle s’appelait Fantine. Retiens ce nom-là : Fantine. Mets-toi à genoux toutes les fois que tu le prononceras. Elle a bien souffert. Elle t’a bien aimée. Elle a eu en malheur tout ce que tu as en bonheur.”
Jean Valjean devient une figure christique en disant : “Ces Thénardier ont été méchants. Il faut leur pardonner” car il reprend les paroles de Jésus sur la croix : “Seigneur, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font”. Jean Valjean renforce sa figure christique car il bénit ses enfants en mettant ses mains sur leurs têtes : “Vous êtes des êtres bénis.”, “Donnez-moi vos chères têtes bien-aimées, que je mette mes mains dessus.” Cosette et Marius se placent auprès de Jean Valjean comme pour prier : “Cosette et Marius tombèrent à genoux”, “Sans doute, dans l’ombre, quelque ange immense était debout, les ailes déployées, attendant l’âme.” Cette phrase marque la fin du passage mais aussi de la vie de Jean Valjean qui va maintenant être emmené au paradis d’où il pourra veiller sur Cosette et Marius.
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