Analyse du Mariage de Figaro de Beaumarchais. Acte III scène 16. Le plaidoyer de Marceline

Analyse du Mariage de Figaro de Beaumarchais. Acte III scène 16. Le plaidoyer de Marceline

Comment dans cet extrait Beaumarchais défend-il la cause des femmes ?

 

I) Un plaidoyer personnel qui s’étend à la cause des femmes

 

Au début de sa tirade, Marceline parle à la première personne du singulier, elle parle pour elle-même et de ses propres expériences (“Je n’entends [...]! J’étais née, moi, [...]”). Par la suite, Marceline étend son expérience à celle des femmes en général et fait elle-même le procès des hommes. Comme nous le montre sa réplique “c’est vous qu’il faut punir des erreurs de notre jeunesse”, elle oppose le “nous” désignant les femmes, au “vous” en parlant des hommes. 

Des lignes 564 à 590, Marceline représente les femmes comme des pauvres victimes innocentes manipulées par les hommes, comme nous le montre sa réplique “hommes plus qu’ingrats qui flétrissez par le mépris les jouets de vos passions”. En effet, elle montre que les femmes sont traitées comme des objets, et que leur importance dans la société du XVIIIème est minime par rapport à celle des hommes. Elles ont une position très inférieure à celle des hommes que ce soit par rapport à leurs maris, leurs pères ou n’importe quel autre homme qui chercherait à la séduire. 

Marceline s’appuie dans sa tirade sur différents aspects de la société. Tout d’abord, elle parle de l’aspect économique dans la réplique “c’est vous qu’il faut punir des erreurs de notre jeunesse ; vous et vos magistrats, si vains du droit de nous juger, et qui nous laissent enlever, par leur coupable négligence, tout honnête moyen de subsister”. Marceline nous veut nous montrer que lorsque une fille est déshonorée d’avoir été séduite par un homme, elle n’aura plus la chance d’avoir et de trouver un travail car plus personne ne voudra d’elle ; elle sera obligée de se tourner vers la prostitution, qui est encore plus dévalorisant. Ensuite, elle parle de l’aspect social de l’infériorité des femmes (“Est-il un seul état pour les malheureuses filles?”), qui après avoir perdu leurs virginités en dehors du mariage ne sont plus acceptées dans la société et n’y ont plus leurs places. Enfin, Marceline évoque l’aspect juridique montrant que les femmes ne sont pas protégées par la loi mais accablées (“traitées en mineures pour nos biens, punies en majeur pour nos fautes”). Marceline dit dans cette réplique que les femmes ne sont jamais propriétaires de leurs biens, qui appartiennent toujours à leurs pères ou leurs maris, mais que dès qu’elles commettent une faute, elles sont sévèrement punies. 

 

II) Un second coup de théâtre : le réquisitoire polémique contre les hommes

 

Marceline fait de sa tirade un véritable blâme contre les hommes. Elle dit que les hommes sont dans tous les cas les plus cruels (“hommes plus qu’ingrats”, “sous tous les aspects, votre conduite avec nous fait horreur ou pitié”).

Marceline se laisse emporter par ses émotions, comme nous le montre la didascalie “exaltée”. Elle utilise des phrases exclamatives, ce qui montre l’émotion qu’elle ressent lors de son discours (“Ah! sous tous les aspects, [...] fait horreur ou pitié!”).

Finalement, on comprend que Beaumarchais prend la parole et exprime ses idées féministes à travers les répliques de Marceline, qu’il défend la société féminine. Les autres personnages sont de son côté et sont convaincus par  les arguments de Marceline (“Elle a raison”, “que trop raison”, “elle a, mon-on Dieu ! raison.”). Pour Beaumarchais, le théâtre est une tribune qui sert à défendre ses idées, c’est pourquoi cette scène n’a pas pour seul but de distraire le spectateur, mais aussi de le sensibiliser à la cause des femmes et de le convaincre de l’injustice qui leur est faite. 

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