Analyse du personnage d’Aquilina dans La Peau de Chagrin
La description d'Aquilina est faite par le narrateur du point de vue de Raphaël et de son ami et est organisée comme un tableau. Les deux amis s’attardent d’abord sur la physionomie, le maintien et les proportions d’Aquilina qu’ils trouvent sensuelle : “Sa chevelure noire, lascivement bouclée, semblait avoir déjà subi les combats de l’amour”. D'après cette description de la chevelure, on devine que Aquilina est une courtisane.
La description bascule ensuite sur les caractéristiques masculines et le charisme guerrier d’Aquilina. Leur regard s’attarde sur sa “taille forte, mais amoureusement élastique”, “ses bras étaient largement développés”, sa “physionomie assez irrégulière, mais perçante, mais impétueuse”... Toutes ces observations renforcent l’image de force et de violence d’Aquilina. Cette image est aussi exacerbée par différentes métaphores la comparant à des phénomènes puissants et redoutables. Les deux amis évoquent d’abord une panthère en observant différentes caractéristiques de félins, “leste, souple, et sa vigueur supposait l’agilité d’une panthère”, mais aussi “la mâle élégance de ses formes en promettait les voluptés dévorantes” qui renvoie à la force, et au danger ; de même que l’adjectif “fier” utilisé à deux reprises désigne étymologiquement “fiera” la bête féroce : “Fière de sa beauté, fière de ses vices”. De plus, la phrase “Vêtue d’une robe en velours rouge” évoque la fourrure du félin mais sa sauvagerie également avec la couleur du sang. Le sentiment de danger est renforcé par la métaphore filée de la foudre qui commence avec le mot "étonnait" dont l'étymologie signifie frappé par la foudre. Les phrases “sa foudroyante beauté” et “comme des éclairs” évoquent une puissance surnaturelle, à l’image d’Athéna, déesse de la guerre : “C’était une statue colossale tombée du haut de quelque temple grec”. Le champ lexical du combat vient renforcer le caractère monstrueux, inquiétant et guerrier de la jeune fille : “l’œil, armé de longs cils, lançait des flammes hardies”.
Ainsi, on peut voir en Aquilina une allégorie de la Révolution manquée de juillet 1830. En effet, la phrase “cette joie qui dissipe les trésors amassés par trois générations, qui rit sur des cadavres, se moque des aïeux, dissout des perles et des trônes, transforme les jeunes gens en vieillards, et souvent les vieillards en jeunes gens” décrit de manière à peine voilée les comportements extrêmes des révolutionnaires dont faisait partie l’amant de Aquilina, Léon, mort guillotiné pour ses idées républicaines.
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