Analyse de Electre de Giraudoux. Acte I scène 11. La confrontation entre Oreste et Clytemnestre
I) Une confrontation tendue
1) La souffrance inoubliable d'Oreste
Oreste est un fils rancunier :“Une mère qui vous a chassé”, il symbolise la distance qu’il prend vis à vis de sa mère par l’emploi de 3e personne. Cette communication difficile est soulignée par le rythme haché qui empêche la fluidité de l’échange: “Mon fils aussi. Beau. Souverain. Et pourtant je m’approche.” C’est plus une confrontation qu’un échange.” Le dialogue devient alors une confrontation plus qu’un échange. Oreste est ironique dans ses propos pour blesser sa mère: “ À distance c’est une splendide mère”. Oreste n’est pas prêt à recréer un lien et ne laisse aucune chance à sa mère: “Ou sa maternité ?… C’est bien pour cela que je reste immobile”. Les deux personnages jouent un rôle, on assiste à du théâtre dans le théâtre :”À ce mirage du moins je peux dire ce que je ne dirai jamais à ma vraie mère.”, c’est un faux dialogue. Malgré tout Oreste admire sa mère : “CLYTEMNESTRE. – Que tu l’admires ? ORESTE. – Sur ce point seul mirage et mère peuvent partager.”. Oreste menace ouvertement sa mère pour lui faire comprendre que ce dialogue n’est qu’un pour parler et non une réconciliation : “Songe à lui nuire, tu les retrouveras”.
2) Le désir d'oublier pour Clytemnestre
Clytemnestre veut se réconcilier : “Et pourtant je m’approche.” Elle est abasourdie de voir comment son fils la perçoit et la haine qu’il lui renvoie : “Pour moi, c’est le contraire.” Elle aime toujours son fils malgré la haine qu’il lui renvoie : “Mais que mon fils soit lui-même devant moi, qu’il parle, qu’il respire, je perds mes forces.” Elle essaie d’attendrir son fils : “Pourquoi es-tu si dur ? Tu n’as pas l’air cruel, pourtant. Ta voix est douce ?”. Mais cela ne marche pas : “Si je n’étais pas ton fils, je m’y tromperais.”
II) Une réconciliation impossible
1) L'intervention d'Electre
Dès le départ, Electre se présente comme le juge dans ce procès que les deux enfants intentent à Clytemnestre : “Alors, pourquoi parlez-vous tous deux ?”. Elle n’a pas autorisé Oreste à parler à sa mère, et Clytemnestre n’est pas jugée digne de parler à son fils : “Tout me dit que toi tu n’as pas droit, dans ta vie, à plus d’une minute d’amour filial. Tu l’as eue.” Electre est la voix de la vérité puisqu’elle énonce le fait qu’il s’agit d’un faux dialogue : “Puisque au milieu de la nuit, des haines, des menaces, s’est ouvert une minute ce guichet qui permet à la mère et au fils de s’entrevoir tels qu’ils ne sont pas”. Elle se présente aussi comme le metteur en scène de cette pièce de théâtre dont elle tire les ficelles : “Quelle comédie joues-tu”. Sa dernière parole est prophétique puisque c’est elle qui va obliger Oreste à assassiner Clytemnestre : “Vous pouvez vous dire au revoir. Vous vous reverrez.”
2) L'intervention des petites Euménides
Les Euménides représentent le destin que l’on ne peut pas arrêter puisqu’il se manifeste au moment où l’on ne s’y attend pas : “apparaissant derrière les colonnes”. Les Euménides symbolisent la conscience des personnages “Adieu, vérité de mon fils.” “Adieu, mirage de ma mère.” Ainsi Giraudoux modernise la tragédie puisque les enfants n’avaient pas le droit d’être représentés sur scène et ici il confie ce rôle très important de manifester le destin à des petites filles.
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