Analyse de Ubu roi de Jarry. Acte I, scènes 3 et 4. Le repas

Analyse de Ubu roi de Jarry. Acte I, scènes 3 et 4. Le repas

Comment Jarry dénonce-t-il la violence du pouvoir tyrannique dans cette scène ?

I) De la farce potache…

Tout d’abord, les personnages principaux sont présentés comme rustres et grotesques, de par les plats qu’ils ont décidé de servir à leurs invités : “Mère Ubu, passe-moi les côtelettes de rastron, que je serve” et également de part leur attitude et leur manque de délicatesse. : “Et vous allez bientôt crier vive le Père Ubu. Il tient un balai innommable à la main et le lance sur le festin.” Les personnages se ridiculisent à travers leur langage, grossier et inapproprié pour une pièce de l’époque : “Merdre, merdre, merdre. A la porte ! je fais mon effet.” Le mot “merdre” que répète le père Ubu renforce le ridicule du personnage, qui n’est pas capable de prononcer les mots correctement. Les personnages présentés comme nobles ne sont qu’en fait des personnes ridicules et grotesques, contrairement à la tragédie classique, cette pièce est alors une parodie de tragédie. Le repas qui est un moment où les personnages communiquent entre eux et mangent, ne se passe pas de manière classique, au contraire, les personnages ne mangent pas, leurs plats étant de qualité douteuse, ce qui est renforcé par l’euphémisme : “Il tient un balai innommable à la main et le lance sur le festin.” Les personnages n’échangent presque aucun mot, car ils sont jetés à la porte par leur hôte : “Merdre, merdre, merdre. A la porte ! je fais mon effet.” Les nombreuses exagérations et les points d’exclamation renforcent également le comique de la scène, notamment avec la gradation : “Oh ! Aïe ! Au secours ! Défendons-nous ! malheur ! je suis mort !” Les deux personnages principaux, père Ubu et mère ubu entretiennent une relation conflictuelle : “PÈRE UBU : Je vais te marcher sur les pieds. MERE UBU : Grosse merdre ! “ Mais les mots tendres employés par le père Ubu à la fin de la scène : “PERE UBU : Tais-toi, ma douce enfant…” peuvent prêter à confusion, nous ne savons pas s’ils s’aiment réellement ou si le père Ubu était ironique. Ces deux scènes sont alors grotesques et ridicules par leurs personnages et leurs gestes mais aussi par leur langage grossier, ce qui renforce l’idée de comique de la pièce.

II) ...à la satire du pouvoir

Le personnage de père Ubu peut-être perçu comme un tyran, notamment à cause de l’attitude qu’il a avec ses invités. “Merdre, merdre, merdre. A la porte ! je fais mon effet.” Dans cette scène, le pouvoir est poussé à l’extrême et le personnage tyran est rendu comique, par ses gestes et ses paroles. “Oh ! oh ! je vous aime beaucoup, Bordure.” Il est également présenté comme un personnage rustre. “Eh ! vous empestez, Père Ubu. Vous ne vous lavez donc jamais ? PÈRE UBU : Rarement. “  mais aussi comme un personnage violent qui manque de délicatesse. “PÈRE UBU, se jetant sur lui pour l'embrasser.” De plus la violence physique, le personnage fait preuve de violence verbale envers ses invités en les insultant. “Merdre, merdre, merdre. A la porte ! je fais mon effet.” De plus, il fait partir de force de chez lui, les invités qui n’ont même pas mangé ou discuté avec leur hôte: “PÈRE UBU : A la porte tout le monde ! Capitaine Bordure, j'ai à vous parler. LES AUTRES : Eh ! nous n'avons pas dîné !” étant donné que le Père Ubu a mangé le repas réservé à ses invités, ce qui renforce le caractère tyrannique du personnage. “MERE UBU : Messieurs, nous allons goûter du veau. CAPITAINE BORDURE : Il est très bon, j'ai fini.” Le personnage peut également être perçu comme tout puissant de par ses menaces et son assurance : “je vais vous assommer de côtes de rastron.  Il commence à en jeter.” Et même envers sa femme. “PERE UBU : Je vais te marcher sur les pieds. “ Père Ubu éprouve même plus de tendresse envers son complice, qui va l’aider dans ses démarches meurtrières, que pour sa femme : “PÈRE UBU, se jetant sur lui pour l'embrasser. Oh ! oh ! je vous aime beaucoup, Bordure.” et met également la vie de sa femme en jeu, en promettant à son complice une ascension politique : “ PERE UBU : Allez, Bordure, j'en ai fini avec vous. Mais par ma chandelle verte, je jure sur la Mère Ubu de vous faire duc de Lithuanie.” Le personnage veut tellement apparaître comme un être tout puissant qu’il en devient ridicule et grotesque, par rapport aux tragédies classiques, où le personnage est cruel mais digne.

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