Etude linéaire de "On ne badine pas avec l'amour" Acte III, scène 2

Etude linéaire de "On ne badine pas avec l'amour" Acte III, scène 2

De "Donnez-moi cette lettre" à "Il écrit"

 

   Perdican ressent une curiosité intense mêlée de confusion et de nervosité lorsqu’il obtient la lettre. Cette curiosité est motivée par son désir de comprendre la cause de la dispute entre Camille et lui. Il exprime une excitation presque enfantine et une appréhension palpable à travers ses exclamations et ses interrogations, révélant son trouble intérieur et son besoin pressant de vérité.

 

   Perdican se débarrasse de ses scrupules en rationalisant son acte à travers un monologue où il justifie son droit en tant que fiancé de Camille. Il passe de l’hésitation à la résolution en se persuadant que la situation l’autorise à violer la confidentialité de la lettre. Cette transition, loin d’être brutale, se fait par une série de justifications qui culminent dans l’ouverture de la lettre, montrant son conflit moral résolu par la curiosité.

 

   La lettre de Camille révèle qu’elle a éconduit Perdican par devoir religieux plutôt que par manque d’amour. Elle parle de sa souffrance et de son désespoir face à ce qu’elle considère comme un sacrifice nécessaire, et elle prie pour qu'il la pardonne. Les termes qu’elle emploie, tels que "pauvre jeune homme", "je me suis résolue", et "désespoir", montrent qu’elle est déchirée entre ses sentiments et ses obligations religieuses, indiquant un refus imposé plutôt que désiré.

 

   L’image de Camille, précédemment perçue comme froide et réservée, est humanisée et complexifiée par cette lettre. Les lecteurs/spectateurs découvrent une Camille vulnérable, en proie à un dilemme moral intense. Sa décision de se dévouer à Dieu, malgré son amour pour Perdican, révèle sa profondeur émotionnelle et sa capacité à ressentir de la douleur et du regret, modifiant ainsi l’image d’une jeune fille distante en celle d’une femme sacrifiée.

 

   Le dépit de Perdican se manifeste par des exclamations amères et des interrogations rhétoriques où il exprime sa surprise et son indignation. Il réagit avec une série de questions incrédules, répétant les termes de la lettre pour en souligner l’absurdité à ses yeux. Cette réaction révèle son sentiment de trahison et son besoin de dénigrer la décision de Camille pour protéger son propre orgueil blessé.

 

   La réaction de Perdican n’est pas totalement rationnelle ; elle est dominée par l’émotion et l’impulsivité. Il perd la maîtrise qu’il affichait auparavant, submergé par un mélange de colère et de ressentiment. L’abondance des exclamations et des remarques sarcastiques montre qu’il cède à ses sentiments plutôt qu’à une réflexion calme et mesurée.

 

   Perdican interprète mal la lettre car il se concentre sur les aspects qui nourrissent sa colère et son ego blessé. Sa lecture est biaisée par son propre besoin de se protéger émotionnellement. Il voit dans la décision de Camille un complot orchestré pour le manipuler, plutôt qu’un acte de désespoir et de sacrifice. Son interprétation est influencée par son désir de justifier son ressentiment et de maintenir son propre orgueil.

 

   Sa réaction trahit ses sentiments réels à travers l’intensité de son dépit et de sa colère. En réagissant de manière aussi passionnée, il révèle l’importance de Camille pour lui et à quel point son refus l’affecte profondément. Les nombreuses exclamations et les reproches véhéments montrent qu’il est encore très attaché à elle, et que sa fierté est directement liée à ses sentiments d’amour contrarié.

 

   Oui, on peut dire que les jeux de la parole et du cœur commencent véritablement ici. La lettre de Camille et la réaction de Perdican révèlent un mélange de dissimulation et de dévoilement des sentiments. Camille dissimule son amour derrière un devoir religieux, tandis que Perdican, malgré sa colère, montre par son dépit l’intensité de ses sentiments pour elle. Ces interactions mettent en place un jeu de masques et de révélations, où les personnages tentent de naviguer entre leurs émotions et les attentes sociales, marquant ainsi le début de conflits amoureux complexes.

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