Le Menteur de Corneille, analyse linéaire de l'acte IV scène 8

Le Menteur de Corneille, analyse linéaire de l'acte IV scène 8

Sabine commence en exprimant une anticipation joyeuse, soulignant la rapidité avec laquelle Lucrèce veut des nouvelles de Dorante. Les mots "impatiente" et "Comme elle a les yeux fins, elle a vu le poulet" indiquent l'impatience de Lucrèce, soulignant qu'elle attendait avec fébrilité et a immédiatement remarqué le message de Dorante.

 

Sabine s'adresse directement à Lucrèce, partageant avec elle les nouvelles qu'elle a apportées et comment elles confirment les sentiments de Dorante.

 

La réplique de Lucrèce, "Eh bien ! Que t'ont conté le maître et le valet ?", révèle son impatience et son anxiété. Elle montre qu'elle attendait avec intérêt et appréhension des nouvelles, confirmant ainsi qu'elle tient beaucoup à ce que pense Dorante.

 

Sabine confirme que les nouvelles sont positives, rapportant que le maître et le valet disent la même chose. Cela permet de dissiper les doutes de Lucrèce et de faire avancer l'intrigue en confirmant l'amour de Dorante, renforçant ainsi le développement de la relation entre les personnages principaux.

 

 

La didascalie "après avoir lu" montre que Lucrèce lit le message de Dorante avec une certaine prudence. Cela traduit une méfiance envers Dorante, malgré ses sentiments pour lui, révélant qu'elle est consciente de son penchant pour les mensonges et les exagérations.

 

Lucrèce exprime son scepticisme en déclarant : "Je ne le crois pas fils; mais j’en crois ses pistoles." Ce vers met en évidence que, malgré les déclarations passionnées de Dorante, Lucrèce ne se fie pas entièrement à ses paroles, mais plutôt à ses actions concrètes (le cadeau des pistoles). Cela souligne le manque de crédibilité de Dorante et sa réputation de menteur.

 

 

C'est Sabine qui introduit le thème de l'argent en disant "Et si ce traitement marque une âme commune." Elle utilise ce terme pour signifier que Dorante a donné quelque chose de tangible, ajoutant du poids à ses déclarations d'amour et prouvant ainsi sa sincérité.

 

Lucrèce est étonnée que Dorante ait donné de l'argent à Sabine. Elle s'étonne de cette générosité inattendue et se demande si cela est un signe de son amour véritable ou simplement une autre ruse de Dorante pour obtenir ce qu'il veut. Cela reflète son conflit interne entre son désir de croire en l'amour de Dorante et sa méfiance envers ses intentions.

 

 

Les vers "Pour vous ôter du trouble où flottent vos esprits," et "Et vous mieux témoigner ses flammes véritables," présentent des allitérations en "t" et en "f". Ces sonorités renforcent la sincérité et l'ardeur des propos de Sabine. Le polypote "témoigner" et "témoins" accentue l'idée de preuve et de véracité, soulignant que Sabine est convaincue de la sincérité de Dorante.

 

Le mot "indubitables" participe également à cet effet en insistant sur l'irréfutabilité des preuves apportées par Dorante, renforçant ainsi la conviction de Sabine.

 

Le plus fort dans l'argumentation de Sabine est son appel au jugement de tous : "Et je remets, Madame, au jugement de tous." Cela montre qu'elle est prête à soumettre ses preuves à l'examen public, ce qui accentue la confiance qu'elle a dans la véracité des sentiments de Dorante.

 

Sabine traduit la sincérité et la profondeur des sentiments de Dorante, affirmant qu'il endure des peines et qu'il est sincèrement affecté par l'incertitude de Lucrèce.

 

Elle donne l'image d'un homme profondément amoureux et souffrant, prêt à faire des sacrifices et à prouver son amour par des actions concrètes. 

 

La question de Sabine "Ah ! Si vous connaissiez les peines qu’il endure," pousse Lucrèce à considérer la souffrance de Dorante et à reconsidérer ses doutes. Cela oblige Lucrèce à reconnaître la sincérité de Dorante et à envisager une réponse plus engagée à ses avances.

 

Le champ lexical de la parole est présent avec des termes comme "Donne-lui de l’espoir," "dis-lui," "avertis." Les verbes sont principalement à l'impératif, soulignant l'urgence et l'importance de la communication à Dorante.

 

Les buts de ce discours sont de maintenir l'espoir de Dorante tout en modérant ses attentes. Lucrèce souhaite apaiser ses douleurs sans s'engager définitivement, afin de ne pas lui donner de faux espoirs tout en ne le décourageant pas totalement.

 

Lucrèce justifie ce stratagème en disant : "Sans m’engager à lui, ni le désespérer." Elle veut trouver un équilibre entre rassurer Dorante sur ses sentiments tout en gardant une certaine distance pour éviter de s'engager trop rapidement.

 

La domestique joue le rôle de messagère et de confidente, un rôle traditionnel dans la comédie classique. Sabine, en tant que domestique, est chargée de transmettre les messages et de faciliter la communication entre les amants, tout en offrant des conseils et des observations pertinentes.

 

Sabine essaie de persuader Lucrèce de la sincérité et de l'intensité des sentiments de Dorante. Elle veut convaincre sa maîtresse que Dorante est réellement amoureux et que ses actions sont dictées par un amour véritable, et non par une volonté de tromper.

 

Le champ lexical dominant dans la réplique de Sabine est celui de la souffrance et de l'émotion : "peines," "endure," "soupire," "gémir," "se plaint." Cela souligne la profondeur de la douleur de Dorante, mettant en avant la sincérité de ses sentiments. La figure de style au vers 1384, "Il soupire, il gémit, il se plaint," est une énumération qui accentue la constance et l'intensité des émotions de Dorante, renforçant l'argument de Sabine.

 

Lucrèce ne change pas de stratégie. Elle continue de modérer ses réponses, cherchant à apaiser Dorante sans s'engager pleinement. Elle veut maintenir un équilibre délicat entre encouragement et prudence.

 

Les antithèses dans la dernière réplique de Lucrèce, "Donne-lui de l’espoir avec beaucoup de crainte," mettent en contraste l'espoir et la crainte. Cela reflète le dilemme de Lucrèce, partagée entre son désir de rassurer Dorante et sa volonté de ne pas s'engager trop rapidement. Cette dualité souligne la complexité de ses sentiments et de sa position.

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