Etude linéaire de la scène 11 de Cendrillon de Joël Pommerat

Etude linéaire de la scène 11 (de la 1ère partie) de Cendrillon de Joël Pommerat

Explication linéaire : Le discours de la belle-mère, scène 11, l. 72-100.

Ce passage se situe au début de la scène 11, dans la pièce "Cendrillon" de Joël Pommerat. Les personnages présents sont la belle-mère et la très jeune fille. Lors de leur dernière rencontre, la belle-mère avait déjà exprimé son mécontentement et son désir de voir la très jeune fille se comporter et se tenir de manière plus convenable et présentable, reflétant les normes et attentes qu'elle impose.

L'unité du passage repose sur le discours monologique de la belle-mère qui adresse une série de critiques et de conseils à la très jeune fille. Le passage se compose de plusieurs reproches successifs, dans lesquels la belle-mère insiste sur l'apparence physique, la posture et l'attitude de la très jeune fille, tout en évoquant ses propres efforts pour rester jeune et dynamique.

La visée du discours de la belle-mère est de faire comprendre à la très jeune fille l'importance de l'apparence et de la posture dans la société, tout en projetant ses propres obsessions et insécurités sur elle. Le discours est caractérisé par un registre moralisateur et critique, avec des touches de comédie de situation. La problématique pourrait être formulée ainsi : "En quoi le discours de la belle-mère révèle-t-il ses propres insécurités et sa perception des normes sociales, tout en mettant en lumière les enjeux de l'apparence et de la posture dans 'Cendrillon' de Joël Pommerat ?"

L'échange est motivé par la volonté de la belle-mère de corriger et de transformer la très jeune fille selon ses propres standards de comportement et d'apparence. La tension est palpable, similaire à celle de la scène 10, où la belle-mère exerce une pression constante sur la très jeune fille, accentuant le conflit entre les attentes sociétales et la nature de cette dernière.

La domination de la belle-mère se manifeste à travers l'emploi de phrases impératives et exclamatives, un ton autoritaire, et un lexique dévalorisant ("poisson crevé", "négligée", "méprisée"). Elle utilise des images négatives pour décrire la très jeune fille, renforçant son contrôle par la critique constante et le dénigrement.

Le modèle féminin moderne proposé par la belle-mère est paradoxal et étonnant car il repose sur une obsession de l'apparence et du refus de vieillir, tout en prônant une superficialité démesurée. La très jeune fille réagit avec incompréhension et une certaine passivité, ce qui reflète son malaise face à ces attentes irréalistes.

Le champ lexical de l'âge dans ce passage inclut des termes comme "jeune", "vieillir", "modernité". L'obsession de la belle-mère pour l'âge trahit sa peur de vieillir et de perdre sa jeunesse. Cela est également visible dans des scènes précédentes où elle exprime son désir de paraître jeune et dynamique.

Le discours de la belle-mère évoque des slogans de notre société avec des expressions telles que "fais des efforts", "trouve une prestance", et des injonctions à la performance et à l'apparence. Les procédés stylistiques incluent l'utilisation de phrases courtes et impératives, des répétitions et des exclamations, qui renforcent le caractère péremptoire et volontariste de ses propos.

Le discours de la belle-mère se révèle confus et absurde car il mêle des injonctions contradictoires et des obsessions personnelles qui ne correspondent pas à la réalité de la très jeune fille. Bien qu'elle se considère moins naïve que Sandra, sa propre confusion et ses insécurités révèlent une certaine forme de naïveté et d'illusion sur la véritable importance de l'apparence.

L'expression de la négation dans cette phrase utilise la forme familière "tu fais pas" au lieu de "tu ne fais pas". Cette construction informelle renforce le ton familier et dévalorisant de la belle-mère envers la très jeune fille, en insistant sur le manque d'attention à son apparence.

La phrase "Mets de l'énergie en toi !" utilise l'impératif présent. Le mode impératif exprime un ordre ou une exhortation. La belle-mère enjoint vivement la très jeune fille à adopter une attitude plus dynamique et énergique, soulignant ainsi son autorité et sa volonté de contrôle.

Le malentendu initial entre la très jeune fille et les autres personnages, notamment sa mère et la belle-mère, est le moteur de l'action car il génère des conflits et des incompréhensions qui alimentent la tension dramatique. Ce malentendu découle souvent de la difficulté de la très jeune fille à comprendre et à répondre aux attentes des adultes, ce qui crée des situations de malentendu et de quiproquo.

Dans cette première partie, les registres du tragique, du comique et du pathétique se développent. L'humour, souvent véhiculé par les répliques sarcastiques et les situations absurdes, permet de créer des respirations et des moments de légèreté dans une histoire sinon marquée par l'oppression et la tension. Ces moments humoristiques offrent un contraste bienvenu et permettent aux spectateurs de relâcher la pression émotionnelle accumulée.

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