Etude linéaire de la scène 12 (de la 2ème partie) de Cendrillon de Joël Pommerat

Etude linéaire de la scène 12 (de la 2ème partie) de Cendrillon de Joël Pommerat

Sandra s'intéresse au très jeune prince parce qu'elle perçoit en lui une personne avec laquelle elle partage des expériences similaires de deuil et de difficulté à accepter la réalité. Elle a appris que, comme elle, il se raconte des histoires pour faire face à la douleur de la perte de sa mère. Ce qui les rapproche, c'est leur tendance commune à utiliser l'imagination pour adoucir la réalité cruelle de leur existence.

L'unité de ce passage est assurée par le thème central de la confrontation avec la vérité, que Sandra force le très jeune prince à accepter. Le passage progresse à travers un dialogue intense où Sandra insiste de plus en plus fermement sur la nécessité d'accepter la réalité de la mort de sa mère, tandis que le très jeune prince résiste et exprime son refus de croire cette vérité.

L'objectif de Sandra dans ce passage est de faire accepter au très jeune prince la vérité sur la mort de sa mère, pour qu'il puisse commencer à se libérer des illusions qui l'empêchent de faire son deuil. La conséquence de ce dialogue ne se limite pas à cette prise de conscience, mais inclut également une confrontation directe avec ses propres émotions refoulées. La problématique pourrait être : "Comment le dialogue entre Sandra et le très jeune prince révèle-t-il les mécanismes de déni et la nécessité de confronter la réalité pour avancer dans le processus de deuil ?"

Dans la première partie du dialogue, Sandra cherche à impliquer le prince en soulignant l'absurdité et l'incohérence de ses histoires. Elle pose des questions directes et utilise des exemples concrets pour tenter de le ramener à la réalité. Elle adopte un ton ferme et insistant pour percer son déni.

Le substantif « histoire » change de signification au cours du dialogue. Initialement, il désigne les récits fictifs que le très jeune prince se raconte pour apaiser sa douleur. Au fur et à mesure que Sandra insiste sur la vérité, « histoire » prend une connotation négative, représentant les mensonges et les illusions qui empêchent de faire face à la réalité.

La difficulté de Sandra à révéler la vérité se manifeste par un rythme haletant et haché, marqué par des pauses et des répétitions. Les phrases sont souvent interrompues, montrant son hésitation et son effort pour trouver les mots justes. Cette structure syntaxique reflète sa lutte intérieure et la complexité émotionnelle de ce qu'elle tente d'exprimer.

Le prince réagit d'abord par le déni, refusant de croire ce que Sandra lui dit et cherchant des excuses pour maintenir ses illusions. Ensuite, il exprime de la tristesse et de la colère, révélant sa difficulté à accepter cette réalité brutale et son désir de continuer à se protéger par ses histoires.

La lucidité nouvelle de Sandra se manifeste par un discours plus direct et affirmatif. Le rythme de ses phrases devient plus fluide et déterminé, contrastant avec l'hésitation précédente. Cette évolution montre qu'elle a accepté la vérité et qu'elle est prête à aider le prince à faire de même, en étant plus claire et résolue dans son approche.

Le malentendu initial est le moteur de l'action car il crée des tensions et des conflits entre les personnages, les poussant à se confronter et à essayer de se comprendre. Ce malentendu force les personnages à évoluer, à révéler leurs sentiments et à affronter leurs peurs et leurs illusions.

Les registres tragique, dramatique et comique se développent dans cette première partie. L'humour, souvent présent dans les dialogues et les situations absurdes, crée des moments de détente et de légèreté. Ces respirations permettent de relâcher la tension dramatique et de rendre l'histoire plus accessible et engageante pour le spectateur, tout en soulignant les contrastes entre la réalité et les illusions des personnages.

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