Lecture analytique de La guerre de Troie n'aura pas lieu, Acte I scène 3

Lecture analytique de La guerre de Troie n'aura pas lieu, Acte I scène 3

Cette scène rappelle l'épisode de l'Iliade où Hector prend congé d'Andromaque et de leur fils Astyanax avant de retourner au combat, conscient qu'il pourrait ne pas revenir. Dans "La guerre de Troie n’aura pas lieu", la situation est différente car Hector revient victorieux et promet la paix, contrairement à l'Iliade où il part pour un combat potentiellement fatal. Ici, la tension vient de la possibilité d'éviter la guerre, alors que dans l'Iliade, la guerre est déjà inévitable.

 

La didascalie initiale décrit en détail la terrasse du rempart, le cadre et les émotions des personnages. Elle mentionne la victoire d'Hector et son retour triomphal, ce qui contraste avec l'inquiétude d'Andromaque. Ces détails sont importants pour créer une atmosphère de tension entre la paix apparente et la menace imminente de la guerre.

 

Cette scène se rattache aux précédentes par la continuité du débat sur la possibilité d'éviter la guerre. Andromaque, qui était auparavant optimiste et convaincue que la guerre n'aurait pas lieu, montre maintenant des signes d'inquiétude et de doute. Ce changement peut être attribué à l’influence de Cassandre et à la confrontation avec la réalité de la situation politique et militaire.

 

Le thème principal de cette scène est la tension entre la paix et la guerre, incarnée dans la discussion entre Hector et Andromaque. Ce thème est rattaché à celui de la naissance par les préoccupations d’Andromaque pour l’avenir de leur enfant à naître, illustrant l’impact personnel et familial des décisions politiques et militaires.

 

Andromaque provoque les confidences d’Hector en exprimant ses peurs et ses doutes quant à l’avenir. Elle utilise des mots qui évoquent la sécurité et la protection, ce qui contraste avec les réalités brutales de la guerre qu’Hector révèle. Les paradoxes se manifestent dans les contradictions entre les promesses de paix et la réalité de la préparation à la guerre.

 

Le discours d’Hector est marqué par des mouvements contradictoires : il exprime à la fois un désir ardent de paix et une résignation à la nécessité de la guerre. Il promet de fermer les portes de la guerre, mais reconnaît aussi la possibilité que cette paix soit éphémère. Ces contradictions soulignent sa lutte intérieure et son désenchantement face à la guerre.

 

Hector utilise des images fortes pour représenter la guerre, comme le "tigre qui dort" et qui pourrait se réveiller. Il évoque aussi des images de destruction et de mort, contrastant avec les moments de tendresse et de douceur avec Andromaque. Ces images montrent la brutalité de la guerre et la vulnérabilité des personnages face à ce fléau.

 

La réaction d’Hector est profondément personnelle, ancrée dans son expérience directe du combat et de la perte. Il décrit ses compagnons comme partagés entre le désir de paix et l’habitude de la guerre. Le tableau qu’il peint est celui d’hommes fatigués et désillusionnés, aspirant à la paix mais préparés au combat.

 

L'auteur indique la possibilité d’un conflit à travers la discussion sur l’enlèvement d’Hélène et les demandes grecques pour sa restitution. Hector, bien que préoccupé, tente de rassurer Andromaque, exprimant sa détermination à éviter la guerre. Il réagit à son inquiétude avec des promesses de protection et de paix, tout en étant conscient de la fragilité de ces assurances.

 

Le ton de la conversation entre Hector et Andromaque oscille entre gravité et légèreté. La gravité se manifeste dans leurs discussions sur la guerre, la mort et l’avenir incertain de leur enfant. La légèreté apparaît dans les moments de tendresse et d’intimité entre les deux, offrant un contraste saisissant avec les sombres réalités qu’ils affrontent. Ce mélange reflète la complexité de leur situation et l’intensité de leurs émotions.

 

Dans cette scène, Hector offre une image de lui-même qui est à la fois héroïque et humaine. Il se montre courageux et déterminé, mais aussi vulnérable et désenchanté par la guerre. Cette image peut surprendre le spectateur qui s'attendrait à un héros uniquement glorieux. La figure du héros est ainsi humanisée et enrichie, apparaissant plus complexe et nuancée.

 

Le pessimisme de Giraudoux se manifeste à travers les propos de Cassandre, qui prophétise la destruction inévitable, et ceux d’Hector, qui exprime sa désillusion et sa fatigue morale. Andromaque, malgré son espoir initial, montre des signes de doute et d’inquiétude. Ce pessimisme souligne la fatalité et la complexité des choix humains face aux forces inéluctables du destin.

 

La phrase d’Hector exprime l’idée que la véritable noblesse d’une armée réside dans la protection de sa patrie et de ses valeurs, plutôt que dans la conquête et la destruction. Elle peut être considérée comme une profession de foi pacifiste, car elle valorise la paix et la défense pacifique de la communauté. Hector idéalise une armée qui protège sans agresser, soulignant ainsi son désir de paix et de sécurité pour Troie.

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