Lecture analytique de La guerre de Troie n'aura pas lieu, Acte I scènes 9 et 10

Lecture analytique de La guerre de Troie n'aura pas lieu, Acte I scènes 9 et 10

Cassandre entre en scène pour confronter Hector et Hélène avec ses prophéties et son pessimisme. Son rôle est d’incarner la voix de la fatalité et de rappeler constamment la menace de la guerre, malgré les tentatives des autres personnages pour l’éviter.

 

La scène 1 annonce le don de devineresse de Cassandre lorsqu'elle prédit que la guerre de Troie aura lieu, malgré l’optimisme d’Andromaque. Ses prédictions sont souvent ignorées ou ridiculisées, ce qui ajoute une dimension tragique à son personnage.

 

La scène 10 est un prolongement de la scène 9 car elle continue de traiter des mêmes thèmes : le débat sur la restitution d’Hélène, les tensions entre les personnages, et la fatalité de la guerre. La progression de la discussion dans la scène 9 mène naturellement aux événements et aux révélations de la scène 10.

 

Au début, Hector parle avec une certaine autorité et confiance, tentant de persuader Hélène rationnellement. Progressivement, son ton devient plus implorant et émotionnel, montrant sa frustration et son désespoir face à l’indécision d’Hélène. Cette progression traduit l’intensité de ses sentiments et son désir ardent d’éviter la guerre.

 

Hélène s'oppose à Hector principalement à cause de son attachement à Pâris et de ses propres sentiments contradictoires. En étudiant ses répliques, on voit qu’elle n’est pas nécessairement hostile à Hector, mais plutôt déchirée et ambivalente, ce qui la conduit à contester ses arguments sans animosité directe.

 

Hector est pragmatique, tourné vers le bien commun et la responsabilité. Hélène, en revanche, est plus centrée sur ses émotions et son attachement personnel à Pâris. Hector incarne la rationalité et le devoir, tandis qu’Hélène représente la passion et les désirs personnels.

 

Le destin se manifeste à travers Hélène par son rôle central dans le déclenchement du conflit. Ses décisions et sa présence sont perçues comme les éléments clés qui détermineront l’avenir de Troie. Son ambivalence et ses doutes symbolisent l’incertitude du destin et l’impuissance des personnages face à celui-ci.

 

Les métaphores utilisées pour décrire Hélène, comme "un navire en mer", montrent qu’elle est à la merci des courants du destin. Son influence est comparée à celle d’un élément naturel inévitable, soulignant son rôle d’instrument du destin.

 

Le champ lexical de la vision dans cette scène inclut des termes comme "voir", "percevoir", "regarder", et "vision". Ces mots mettent en avant l’importance de la perception et de la compréhension des événements par les personnages, ainsi que leur capacité à anticiper ou à ignorer les avertissements du destin.

 

Hector accuse Hélène de vivre dans "un album de chromos" pour souligner son détachement de la réalité et son inclination pour les fantasmes. Cependant, c’est en fait Hector qui utilise cette image pour exprimer ses propres frustrations et son désir de ramener Hélène à la réalité pratique de leur situation.

 

Cassandre et Hélène n’ont pas les mêmes dons. Cassandre possède un don de prophétie clair et explicite, souvent ignoré. Hélène, quant à elle, influence le futur par ses actions et décisions plutôt que par des visions prophétiques. Elles utilisent des moyens différents pour influencer ou percevoir le futur.

 

Non, Cassandre et Hélène n’ont pas la même réaction. Cassandre, fidèle à sa nature pessimiste, reste sceptique face à l'apparition de la Paix, tandis qu’Hélène peut montrer un espoir plus naïf ou ambivalent.

 

La Paix apparaît dans la scène 10 comme une entité incertaine et fragile, symbolisant l’espoir ténu d’éviter le conflit. Cela dénote la difficulté de maintenir la paix face aux passions et aux intérêts personnels des personnages.

On peut conclure qu’Hélène est un personnage profondément influencé par les hommes autour d’elle, montrant une certaine passivité et une difficulté à prendre des décisions autonomes. Cela la rend à la fois vulnérable et complexe, naviguant entre les forces qui la dépassent.

 

Hector n’a pas encore remporté la victoire de la paix. Les menaces qui pèsent sur Troie sont les conflits internes, les passions incontrôlées et les décisions irrationnelles de certains personnages. Les paroles d’Hector, exprimant son désespoir et sa conscience des conséquences possibles, montrent qu’il est pleinement conscient de la fragilité de la situation.

 

Cassandre est silencieuse dans la scène 9 pour souligner l’ignorance et l’indifférence des autres personnages face à ses prophéties. Son silence accentue son rôle tragique de devineresse non écoutée, renforçant la fatalité de la situation.

Les scènes 9 et 10 ont un double intérêt : elles approfondissent les tensions entre les personnages et mettent en lumière les dilemmes moraux et émotionnels de chacun, tout en faisant progresser l’intrigue vers une conclusion inévitable. Elles préparent également le spectateur à la tragédie à venir en montrant les tentatives désespérées pour éviter le conflit.

 

La dernière scène permet de prévoir la suite en montrant que, malgré les efforts pour trouver une solution pacifique, les tensions et les passions des personnages rendent la guerre inévitable. Sa tonalité est à la fois tragique et résignée, préparant le spectateur à la catastrophe imminente.

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