Lecture analytique de La guerre de Troie n'aura pas lieu, Acte II scène 5
Le pronom personnel « Elle » au début de la scène se réfère probablement à Hélène, qui est au centre des discussions et des conflits depuis le début de la pièce. Sa présence et son rôle continuent d'être un point focal des débats et des décisions des personnages.
La plupart des personnages présents ici se trouvaient déjà dans la scène 4 de l'acte I, où ils discutaient des implications de la restitution d'Hélène et de la possibilité d'éviter la guerre.
L'enjeu de cette scène était de déterminer la meilleure solution pour préserver la paix tout en tenant compte des différentes perspectives et intérêts.
Demokos fait référence à Busiris dans la scène précédente comme un intervenant inattendu mais pertinent pour la discussion en cours. Son arrivée ajoute une dimension supplémentaire au débat sur la guerre et la justice.
Pour Demokos, la guerre est une nécessité tragique mais noble, souvent parodiée dans son discours critique. Pour Hécube, la guerre est une source de souffrance et de perte, surtout en tant que mère et figure protectrice. Ces visions sont antithétiques car elles opposent la perspective idéalisée et critique à la perspective profondément humaine et émotionnelle. Hector, dans son discours à Andromaque à l'acte I, scène 3, présente déjà ce double visage en exprimant sa désillusion face à la guerre tout en reconnaissant sa responsabilité de protéger Troie.
Demokos présente Busiris comme une figure controversée et intellectuelle, utilisant des figures de style comme l'ironie et l'antithèse pour souligner ses arguments. Il a recours à lui pour apporter une perspective juridique et philosophique, cherchant à renforcer la légitimité de ses arguments par une autorité externe et savante.
Busiris change de thèse pour montrer la complexité et la nuance de la situation. En passant de la « consultation » à « l’interprétation », il souligne que les lois et les règles doivent être interprétées dans le contexte des réalités humaines et morales, et non appliquées mécaniquement.
Hector définit le droit de manière paradoxale en suggérant qu'il doit à la fois protéger les individus et s'adapter aux circonstances. Il met en avant l'idée que le droit, tout en étant fondé sur des principes, doit être flexible et humain dans son application.
La satire du juriste, exprimée par les propos de Busiris, donne une tonalité à la fois comique et critique à la scène. Elle souligne les absurdités et les contradictions de la législation et de son application, ajoutant une couche d'ironie à la gravité de la situation.
Hector utilise des métaphores comme "fermer les portes de la guerre" et "protéger la paix comme un enfant fragile" pour illustrer son désir ardent de prévenir le conflit. Ces métaphores révèlent son inquiétude et sa détermination à préserver la paix malgré les pressions extérieures.
Hector refuse d'abord de faire un discours aux morts par respect pour leur mémoire et par humilité. Ses paroles aux mourants traduisent son sens de l'honneur, de la responsabilité et de la compassion. Elles reposent sur des figures de style comme l'euphémisme et l'antithèse pour exprimer ses sentiments de manière profonde et respectueuse.
Le discours aux morts de Hector n’est pas conforme à la tradition car il évite les glorifications habituelles et préfère une approche plus humaine et réaliste. Il dénonce les horreurs de la guerre et la futilité des sacrifices, critiquant indirectement les idéaux héroïques conventionnels.
Les paradoxes et les oppositions incluent le contraste entre la gloire supposée des morts et la réalité de leur souffrance, ainsi que l’opposition entre les idéaux de bravoure et les conséquences tragiques de la guerre.
Le discours met l’accent sur la perte irréparable des vies humaines et la futilité des conflits, faisant de lui un réquisitoire contre la guerre. En valorisant la vie et en appelant à la paix, il devient aussi un hymne à la vie.
Demokos peut dire qu’Hector insulte les morts parce que son discours critique les idéaux de bravoure et de sacrifice traditionnellement associés aux morts au combat, remettant en question la glorification de leur sacrifice.
Les exemples de Busiris discréditent sa thèse car ils montrent que les principes juridiques appliqués mécaniquement peuvent mener à des résultats absurdes ou injustes. Pour le spectateur, cela produit un effet de réflexion critique sur l'application des lois et la nécessité de les adapter aux réalités humaines.
À la fin de la scène 5, les données sont modifiées dans le sens où les débats ont mis en lumière les contradictions et les absurdités des arguments pro-guerre. Cependant, Hector n’a pas encore remporté de victoire décisive, car les tensions et les pressions restent présentes.
Les partisans de la guerre ne peuvent pas être mis sur le même plan car leurs motivations et leurs arguments varient en complexité et en profondeur. Certains sont motivés par l'honneur et la fierté, tandis que d'autres sont influencés par des peurs ou des ambitions personnelles.
Cette scène est à la fois comique et tragique. Le comique est présent dans la satire et l’ironie des débats, tandis que le tragique réside dans les conséquences humaines et les implications profondes des décisions discutées.
Le théâtre de Giraudoux est souvent qualifié de théâtre de mots car il met l’accent sur les dialogues riches et poétiques, les jeux de langage, et les réflexions philosophiques. Les mots sont utilisés non seulement pour avancer l'intrigue, mais aussi pour explorer des idées profondes et des thèmes complexes, faisant du langage lui-même un élément central de la dramaturgie.
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