Lecture analytique de La guerre de Troie n'aura pas lieu, Acte II scènes 6, 7 et 8

Lecture analytique de La guerre de Troie n'aura pas lieu, Acte II scènes 6, 7 et 8

Dans la scène 5, Andromaque délègue Polyxène auprès d’Hélène dans le but de la convaincre de retourner en Grèce pour éviter la guerre. Elle espère que l’innocence et la jeunesse de Polyxène toucheront Hélène et l’inciteront à prendre une décision qui pourrait sauver Troie.

 

Les scènes 6, 7 et 8 sont liées par la continuité des tentatives pour persuader Hélène de partir et ainsi éviter la guerre. Elles se différencient de la scène précédente par leur focalisation sur les interactions entre les personnages féminins et la révélation de leurs sentiments et motivations plus profondes.

 

La deuxième réplique d’Andromaque dans la scène 8 est surprenante car elle montre une certaine résignation. Ce qui est en question maintenant pour elle, c’est l’inévitabilité de la guerre et l’acceptation de son sort, contrairement au début de la pièce où elle espérait encore pouvoir éviter le conflit par la diplomatie et la persuasion.

 

Oui, ces trois scènes font progresser l’action en approfondissant les conflits internes des personnages et en mettant en lumière les véritables enjeux émotionnels et moraux. Elles modifient l’enjeu initial en passant de l’espoir d’éviter la guerre à une acceptation résignée de son inévitabilité.

 

Hélène s’adresse à Polyxène avec une certaine tendresse, mais aussi avec une cruauté sous-jacente. Elle utilise des mots doux et protecteurs, mais ses intentions sont manipulateurs, cherchant à assurer son pouvoir et à sécuriser sa position en jouant sur les émotions de la petite fille.

 

Polyxène pleure parce qu’elle est prise dans un conflit émotionnel intense. Elle est touchée par les paroles d’Hélène et ressent la douleur et la tristesse de la situation. Sa jeunesse et son innocence rendent la réalité de la guerre et des décisions d’adultes particulièrement difficiles à supporter.

 

Hécube manifeste une profonde tristesse et une certaine colère envers Hélène, la tenant en partie responsable de la situation. Hélène répond avec un mélange de défi et de résignation, montrant qu’elle est également prise dans un dilemme émotionnel.

 

Andromaque reste silencieuse par désespoir et par résignation. Elle a obtenu la confirmation que ses efforts pour éviter la guerre sont vains. Elle reste cependant par devoir et par amour pour sa famille et sa patrie, malgré la fatalité de la situation.

 

Andromaque veut désormais protéger autant que possible sa famille et minimiser les dégâts. Elle est passée par différentes étapes d’argumentation : de l’espoir de persuader Hélène, à la tentative de convaincre les autres, pour finalement accepter l’inévitabilité de la guerre et se concentrer sur la protection de ses proches.

 

Au début de la scène, Andromaque parle de la nature avec une mélancolie et une nostalgie marquées. Elle évoque la nature comme un refuge et un symbole de paix, contrastant avec les discussions pragmatiques et politiques des scènes précédentes. Cela montre son désir de retour à une vie simple et paisible, loin des conflits humains.

 

La conception d’Andromaque est basée sur l’amour et la protection de sa famille. Ses paradoxes montrent son déchirement entre son désir de paix et la réalité de la guerre. Son amour pour Hector peut parfois l’aveugler, mais il lui donne aussi la force de continuer à se battre pour ce qu’elle croit juste.

 

Hélène utilise souvent des traits de moquerie pour dissimuler ses propres insécurités et pour critiquer les idéaux d’Andromaque. Sa définition de l’amour est plus centrée sur la passion et le plaisir, tandis qu’Andromaque voit l’amour comme un engagement profond et protecteur.

 

Le thème du mensonge est crucial dans cette scène car il révèle les contradictions et les manipulations entre les personnages. Hélène et Andromaque s’opposent sur ce point : Hélène utilise le mensonge pour manipuler et survivre, tandis qu’Andromaque cherche la vérité et l’honnêteté même dans les situations désespérées.

 

Hélène refuse la pitié car elle veut maintenir sa dignité et son pouvoir. En parlant de son enfance, elle évoque des souvenirs de vulnérabilité et de souffrance, ce qui la rend plus humaine aux yeux du spectateur. Andromaque commence à comprendre les motivations et les souffrances d’Hélène, voyant en elle non seulement une cause de la guerre, mais aussi une victime des circonstances.

 

La relation entre Hélène et Andromaque est complexe, marquée par des tensions, des incompréhensions mais aussi des moments de révélation et de compassion. Les questions et les exclamations montrent leur désespoir et leurs tentatives de communication, tandis que les impératifs révèlent leurs tentatives de contrôle et d’influence.

 

Les deux dernières répliques de la scène 8 montrent la résignation et l’acceptation de l’inévitabilité de la guerre. Elles marquent un tournant dans l’intrigue, où les personnages principaux doivent maintenant se préparer à affronter les conséquences de leurs actions et décisions.

 

Andromaque symbolise la fidélité, l’amour protecteur et l’engagement familial. Son éthique correspond à une conception de l’amour comme devoir et sacrifice.

 

Hélène symbolise la passion, l’indépendance et le désir. Son éthique correspond à une conception de l’amour comme liberté et plaisir. Personnellement, je me sens plutôt en accord avec Andromaque pour sa profondeur émotionnelle et sa loyauté, bien que la vision d’Hélène apporte une compréhension des complexités humaines et des motivations personnelles.

 

Les éléments qui évoquent une « comédie bourgeoise » incluent les dialogues vifs et ironiques, les quiproquos, et les interactions sociales complexes. Cependant, le tragique n’est pas absent, car les enjeux de la guerre et les dilemmes moraux des personnages ajoutent une profondeur et une gravité qui transcendent le cadre de la comédie.

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