Lecture analytique de La guerre de Troie n'aura pas lieu, Acte II scènes 9, 10 et 11
La présence des personnages féminins s'explique par leur rôle central dans l'intrigue et les débats moraux de la pièce. Hélène, Andromaque et Hécube apportent des perspectives différentes et cruciales sur les enjeux de la guerre et de la paix. La continuité avec les scènes précédentes est maintenue par le développement de leurs interactions et l'intensification de leurs dilemmes personnels et collectifs.
Oiax est un personnage qui représente un point de vue extérieur et souvent critique. Son irruption dans le square précède les apparitions des personnages principaux comme Hector et Andromaque. Cette arrivée a été annoncée précédemment dans la pièce par des discussions sur les événements extérieurs et les forces en présence.
Les éléments communs qui relient ces trois scènes incluent les débats intenses sur la guerre et la paix, les tensions croissantes entre les personnages, et l'exploration des motivations et des émotions profondes de chacun. La violence verbale et les confrontations directes sont également des thèmes récurrents.
La première réplique de la scène 9 exprime un état d’esprit de tension et d’urgence. Le spectateur identifie rapidement le personnage en raison de son ton distinctif et de la situation contextuelle qui suit les événements des scènes précédentes.
Les provocations épiques incluent des défis à l’honneur et des appels à la bravoure, tandis que les insultes vulgaires se concentrent sur des attaques personnelles et des remarques dégradantes. Cette distinction montre comment les personnages oscillent entre des idéaux héroïques et des réactions humaines plus basses.
Hector résiste en maintenant sa dignité et en utilisant une argumentation basée sur la raison et la nécessité de préserver la paix. Il démontre sa maîtrise à travers des répliques mesurées et réfléchies, cherchant à convaincre plutôt qu’à agresser.
Les jeux de symétrie et d’opposition se manifestent dans les comportements des personnages, leurs positions physiques sur scène et leurs états d’esprit. Par exemple, les affrontements verbaux sont souvent symétriques, avec des répliques miroir, tandis que les gestes montrent des oppositions claires, tels que des mouvements de rapprochement et de recul.
Le revirement d’Oiax peut s'expliquer par un mélange de surprise et de respect soudain pour la fermeté d’Hector. Dans la scène 11, Oiax est dépeint comme un personnage versatile, influencé par les démonstrations de pouvoir et de force. Son langage devient plus respectueux et aligné sur celui d’Hector.
Hector ne partage pas l’enthousiasme naïf des autres et reste pragmatique. Sa dernière remarque montre sa lucidité et son sens des responsabilités. Il tient des propos similaires dans une scène précédente où il discute de la réalité de la guerre et de ses conséquences inévitables.
Les personnages féminins jouent des rôles de conscience morale et d’ancrage émotionnel. L’humour dans les répliques d’Hélène ajoute une dimension de légèreté et de satire à la gravité des débats. Andromaque reste silencieuse presque jusqu’au bout par désespoir et par résignation, sachant que ses efforts pour éviter la guerre sont vains.
Les reprises de vocabulaire, les rythmes et les effets de stichomythie créent une musicalité et une tension dramatique dans les dialogues. Giraudoux utilise ces éléments pour accentuer les émotions et les conflits, rendant les échanges plus dynamiques et expressifs.
Le jeu de scène dans les scènes 9 et 10 reprend des éléments de tragédie classique, avec des confrontations verbales intenses et des démonstrations de pouvoir. L’effet produit est une montée en tension dramatique et une mise en lumière des enjeux moraux et émotionnels des personnages.
Giraudoux met effectivement en œuvre les théories de Demokos sur la provocation verbale, utilisant le dialogue pour explorer les tensions et les contradictions internes des personnages. Cela reflète la complexité des motivations humaines et la fragilité des idéaux héroïques face à la réalité.
La violence des trois scènes est tempérée par un humour qui rappelle les œuvres de Shakespeare ou de Molière, où les conflits tragiques sont souvent entrecoupés de moments comiques. On peut parler de pastiches dans la mesure où Giraudoux reprend ces techniques pour ajouter une dimension satirique et critique à sa pièce, tout en rendant hommage à ces grands auteurs.
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