Lecture analytique de La guerre de Troie n'aura pas lieu, Acte II scène 12
L'arrivée d'Ulysse est annoncée dans les scènes précédentes de l'acte II, notamment lorsque les personnages discutent de la situation et des possibles interventions grecques. Son arrivée est préparée par des discussions stratégiques et des allusions aux tentatives de négociation pour éviter la guerre.
Un « gabier » est un marin qui s'occupe des manœuvres en hauteur sur un navire. À la scène 4 de l'acte I, Pâris mentionne ses gabiers pour souligner leur rôle dans l'enlèvement d'Hélène, indiquant qu'ils ont aidé à la transporter de Grèce à Troie, jouant ainsi un rôle crucial dans le déclenchement de la guerre.
Iris est une messagère des dieux dans la mythologie grecque. Dans cette scène, elle pourrait symboliser la communication divine ou l’intervention céleste, apportant des messages ou des avertissements aux personnages.
La scène 12 s'oppose aux scènes précédentes par sa longueur plus importante, la présence de personnages clés comme Ulysse, et une intensité dramatique accrue. Cette opposition suscite une attente de résolution ou de climax de la part du spectateur, préparé à un tournant décisif dans l'intrigue.
La répartition de la parole dans la scène est dominée par Ulysse, qui initie la plupart des échanges. Hector intervient principalement pour répondre aux arguments d’Ulysse et pour défendre la position troyenne. Il intervient pour maintenir la dignité de Troie et pour tenter de trouver une solution honorable.
Ulysse utilise des tons successifs allant de la diplomatie à la fermeté, puis à la menace. Ses alliés sont les autres ambassadeurs grecs et ceux qui, en secret, souhaitent la paix. Oiax joue un rôle de soutien, apportant des arguments supplémentaires ou soulignant l'importance de l'offre d'Ulysse.
Hélène et Pâris soutiennent Hector, mais pas avec la même conviction. Hélène est plus ambivalente, en partie parce qu'elle comprend les conséquences de la guerre et ressent des émotions contradictoires. Pâris, en revanche, est plus passionné et obstiné, motivé par son amour pour Hélène et son désir de prouver sa bravoure.
L’intervention de la foule est provoquée par l’intensité des débats et les annonces dramatiques. La foule s’exprime de manière chaotique et émotionnelle, souvent avec des cris et des exclamations. Son contenu est varié, allant du soutien à la critique, reflétant les divisions au sein de Troie.
La foule joue le rôle de baromètre social et émotionnel, montrant l’impact des décisions des dirigeants sur le peuple et ajoutant une pression supplémentaire sur les personnages principaux.
On peut souvent distinguer entre les Troyens et les Troyennes, avec les Troyens représentant souvent les perspectives de guerre et de stratégie, tandis que les Troyennes apportent des voix de raison, de paix et de préoccupation pour les conséquences humaines.
Les matelots témoignent généralement dans un ton direct et pragmatique, souvent avec un langage simple et terre-à-terre. La description du bouleau peut sembler une digression, mais elle sert à enrichir le récit et à offrir une perspective différente sur les événements.
Cette scène peut donner une image des dieux comme étant distants ou interventionnistes selon les interventions d’Iris et les allusions à Zeus. La sagesse de Zeus peut être interprétée comme une vision de la justice divine, où les décisions des hommes doivent aligner avec les volontés célestes pour obtenir une issue favorable.
Le comique repose sur les interactions maladroites, les quiproquos, et les caractères exagérés de certains personnages, ajoutant une couche de légèreté à une situation autrement grave et solennelle.
Le jeu de scène dans les scènes 9 et 10 reprend des éléments de tragédie classique, avec des confrontations verbales intenses et des démonstrations de pouvoir. L’effet produit est une montée en tension dramatique et une mise en lumière des enjeux moraux et émotionnels des personnages.
Giraudoux met effectivement en œuvre les théories de Demokos sur la provocation verbale, utilisant le dialogue pour explorer les tensions et les contradictions internes des personnages. Cela reflète la complexité des motivations humaines et la fragilité des idéaux héroïques face à la réalité.
La violence des trois scènes est tempérée par un humour qui rappelle les œuvres de Shakespeare ou de Molière, où les conflits tragiques sont souvent entrecoupés de moments comiques. On peut parler de pastiches dans la mesure où Giraudoux reprend ces techniques pour ajouter une dimension satirique et critique à sa pièce, tout en rendant hommage à ces grands auteurs.
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