Lecture analytique de La guerre de Troie n'aura pas lieu, Acte II scène 13
L’ambassade des Grecs se réduit à un face-à-face entre Hector et Ulysse pour intensifier le drame et focaliser l’attention sur les deux figures de leadership et de rationalité opposée. Cette situation permet de cristalliser les enjeux de la guerre et de la paix en un dialogue direct et crucial, symbolisant la confrontation ultime entre raison et passion, négociation et conflit.
Cette scène est hautement dramatique. L’enjeu est de savoir si une entente pacifique est possible ou si la guerre est inévitable. Les dialogues révèlent les convictions profondes de chaque personnage et les pressions qu'ils subissent, rendant l'issue de la scène déterminante pour la suite de l'intrigue.
L’expression « voilà le vrai combat » signifie que le véritable affrontement ne réside pas seulement sur le champ de bataille, mais dans le débat moral et intellectuel entre Hector et Ulysse. Cette scène aboutit à une décision ou à une prise de conscience cruciale pour les personnages principaux, déterminant leur position face à la guerre imminente.
Hector tente de contredire Ulysse en soulignant les valeurs troyennes et en argumentant sur l’honneur et le devoir. Il cesse de plaider pour la paix lorsqu’il réalise que les intentions d’Ulysse et des Grecs sont irrévocables et que la guerre est inévitable. Ce revirement provoque une intensification de la tension et scelle le destin de Troie.
Ulysse semble maîtriser la situation par son calme et sa logique implacable, tandis qu’Hector, bien que ferme, montre des signes de frustration face à l’intransigeance grecque. La répartition de la parole montre Ulysse dominant le débat avec des arguments structurés et persuasifs, tandis qu’Hector exprime davantage d’émotions et de passion.
Ulysse est défini par son intelligence, sa ruse et sa capacité à manipuler les situations à son avantage. Il ne semble pas souhaiter la guerre, mais il la considère comme une nécessité inévitable pour atteindre ses objectifs.
L’expression « une rançon qui vous est plus chère » signifie que le prix de la paix est plus élevé que ce que les Troyens sont prêts à payer, impliquant des sacrifices personnels et moraux. Cela montre Ulysse comme un stratège calculateur, conscient des coûts humains mais prêt à les justifier pour un plus grand bien.
Dans cette scène, Ulysse est plus déterminé et inflexible, tandis que dans la scène précédente, il pouvait montrer plus de diplomatie et de tentatives de persuasion. Ce changement reflète l’escalade de la tension et la proximité de la guerre.
La référence à la balance de Zeus dans l'Iliade symbolise la pesée des valeurs et des destinées des deux personnages.
Ulysse pèse le pragmatisme et la stratégie, tandis qu’Hector pèse l’honneur et la loyauté. Les anaphores et antithèses accentuent les contrastes entre les deux personnages, rendant leur confrontation symboliquement riche. Cette pesée prend le sens de la balance entre rationalité et idéal.
Ulysse voit la guerre comme une conséquence inévitable des ambitions et des conflits entre chefs d’État. Cette conception rend l’entrevue entre Hector et Ulysse symboliquement lourde, montrant que les décisions des leaders déterminent le destin de milliers de personnes.
D’après Ulysse, les causes de la guerre sont multiples : l’honneur, les ambitions personnelles, les querelles politiques et les ressentiments accumulés. Elles ne sont pas du même ordre, mélangeant motivations personnelles et collectives.
La distinction entre « ennemis naturels » et « adversaires » souligne que la guerre n’est pas seulement une question de rivalité inhérente, mais de conflits créés par des circonstances et des choix. Cela implique que la guerre pourrait être évitée si les adversaires trouvaient un terrain d’entente.
Les tirades d’Ulysse peuvent contenir des allusions aux tensions politiques en Europe en 1935, telles que les rivalités entre nations, les ambitions expansionnistes et les alliances fragiles. Ces références montrent la pertinence contemporaine de la pièce et ses réflexions sur la guerre.
Les dialogues de la scène mettent souvent en avant le destin comme une force inéluctable. Les termes comme « fatalité », « prédéterminé » et « implacable » apparaissent fréquemment. Les métaphores de la balance et du poids du destin montrent que les personnages se sentent prisonniers d’une trajectoire qu’ils ne peuvent pas changer.
D’après Ulysse, les hommes ne peuvent guère lutter contre le destin, car ils sont souvent aveuglés par leurs ambitions et passions. Il considère que peu sont réellement conscients de l’influence du destin sur leurs actions.
Les aphorismes tels que « La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens » ajoutent une tonalité philosophique et réflexive à la scène. Ils montrent la profondeur des enjeux et la complexité des décisions à prendre.
La dernière réplique d’Ulysse est inquiétante car elle laisse entendre que malgré tous les efforts de négociation, la guerre est inévitable. Elle suggère une résignation face à l'inexorabilité du destin.
A l’issue de cette scène, il semble que ni Hector ni Ulysse ne croient vraiment en une possibilité de paix. Leur dialogue révèle une compréhension mutuelle que la guerre est désormais inévitable.
À la fin de la scène, on s’attend à la guerre. L’intérêt dramatique réside dans la mise en lumière des raisons profondes et inexorables qui mènent à ce conflit, rendant la décision d’autant plus tragique.
Les éléments tragiques incluent les dialogues intenses et désespérés, la référence constante au destin inévitable, et la confrontation de valeurs et de convictions entre les personnages principaux.
Le « chemin qui va de cette place à mon navire » symbolise le parcours inévitable de la vie, dirigé par le destin. Cette vision implique une conception fataliste de la vie, où les actions des hommes sont dirigées par des forces supérieures qu’ils ne peuvent contrôler.
Écrire commentaire